La Station Spaciale 
Internationale (ISS)
 
LA STATION SPATIALE INTERNATIONALE
 
La structure des modules est réalisée en alliage d'aluminium, qui présente l'avantage
    d'être léger, résistant à la corrosion et d'être un bon conducteur électrique ce
    qui facilite la mise à la terre des équipements. La structure principale des modules
    pressurisés dont le rôle est de préserver l'intégrité du module, est composée d'une
    part d'une coque de forme cylindrique, dans laquelle sont percées des ouvertures
    occupées par des hublots ou des écoutilles, d'autre part de longerons qui permettent
    à la fois de résister à la pression et de jouer le rôle de support pour les équipements
    intérieurs. Sur cette structure primaire sont fixés des éléments de structures secondaires
    : à l'intérieur les baies de rangements, les écoutilles ou les rideaux de hublot,
    à l'extérieur les poignées permettant aux astronautes de progresser durant les sorties
    extravéhiculaires et les protections anti-météorites qui recouvrent la surface des
    modules. Pour les modules non russes, celle-ci est constituée d'une feuille d'aluminium
    de 1,27 millimètre d'épaisseur maintenue à une distance de 10 cm de la coque. Grâce
    à cette protection la probabilité qu'un débris traverse la coque est de 7,5 % pour
    les modules non russes et de 5 % pour les modules russes qui disposent d'un système
    différent.
 
Aménagements intérieurs
En l'absence de gravité, la notion de plancher/plafond (verticale locale dans le
    jargon de la NASA) a été définie de manière arbitraire : le plancher est le côté
    des modules tourné en permanence vers la Terre (nadir), le plafond étant à l'opposé
    (zénith). Le marquage, la disposition des appareils prennent en compte cette orientation
    : lorsqu'ils s'activent les membres de l'équipage prennent donc des positions verticales
    similaires. L'axe principal des modules (de Zvezda à Tranquility) est aligné sur
    la trajectoire de la station spatiale : les laboratoires Columbus et Kibo sont situés
    à l'avant et donc plus exposés à une collision avec un débris spatial tandis que
    les modules russes se situent à l'arrière. La troisième dimension est indiquée, comme
    sur un navire, par les appellations bâbord (à gauche pour une personne tournée vers
    l'avant) et tribord (Kibo est à bâbord et Columbus à tribord).
 
Les modules non russes ont la forme de cylindres aux extrémités légèrement coniques
    dont le diamètre a été fixé par celui de la soute de la navette spatiale (5 mètres).
    À chaque extrémité d'un module, de part et d'autre de l'ouverture axiale (D sur le
    schéma ci-contre), se trouvent des aménagements non amovibles (systèmes de sécurité,
    appareillages électriques) dissimulés derrière des cloisons. Le reste de l'espace
    tire les conséquences de l'absence de gravité : les quatre côtés (plancher, plafond
    et parois latérales), reçoivent le même type d'aménagement amovible constitué d'armoires
    (rack) au format standardisé ISPR hautes de 2 mètres pour 1,05 m de largeur et 85,4
    cm de profondeur et dont l'arrière épouse la forme incurvée de la coque (A). Pratiquement
    jointifs (une rampe lumineuse occupe chaque angle) ce mobilier dégage en son centre
    un espace habitable le long de l'axe du module ayant une section carrée d'un peu
    plus de 2 mètres de côté. Les gaines de courant et fluides circulent dans l'espace
    de forme triangulaire laissé libre entre la coque et les armoires (C). Des barres
    formant poignée sont disposées à intervalle régulier pour permettre à l'équipage
    de se déplacer ou de se maintenir sur place. Les baies standardisées peuvent être
    occupées par différents types d'aménagements :
    - Équipement scientifique ;
 - Armoire de rangement ;
 - Équipement de support de vie (eau, température, air) ;
 - Toilette, mini cabine personnelle.
 
Le choix de l’amovibilité des aménagements permet de faire évoluer ou remplacer la
    plus grande partie des équipements au cours de la longue vie de la station spatiale.
    Ce choix permet également à la navette de lancer les modules, ce qu'elle n'aurait
    pu faire si ceux-ci avaient déjà reçu tous leurs aménagements car ils auraient été
    trop lourds. Mais cette conception n'a pas permis de fournir l'espace ordonné espéré
    : l'espace habitable de la station spatiale, en particulier celui des laboratoires,
    est envahi par un fouillis de câbles et d'équipements ajoutés).
 
Liaisons entre modules et systèmes d'amarrage des vaisseaux
La connexion entre les modules et l'amarrage des vaisseaux spatiaux aux modules met
    en œuvre plusieurs types de liaisons du fait de l'origine hétérogène du matériel
    mis en œuvre :
    - Le système d'amarrage sonde-cône est un système très ancien développé par les Russes.
        Il est dissymétrique c'est-à-dire qu'une des deux parties arrimées porte la sonde
        (vaisseaux russes Soyouz, Progress, européen ATV) tandis que l'autre partie porte
        la pièce en forme de cône (majorité des ports d'amarrage des modules russes de la
        station). L'ouverture circulaire d'un diamètre intérieur de 80 cm ne facilite pas
        le transfert du fret : les équipements encombrants comme les armoires américaines
        au format ISPR qui équipent la partie non russe, ne peuvent transiter par ce type
        d'écoutille et cette contrainte impose une géométrie longiligne aux équipements amovibles
        russes les plus volumineux.
 - L'APAS est un système mis au point pour permettre la liaison entre les composants
        russes et américains. Il est hybride, c'est-à-dire que les composants de part et
        d'autre sont identiques. L'APAS est installé sur la navette spatiale et sur le module
        Zarya pour sa jonction avec la partie américaine. Le diamètre intérieur de l'ouverture
        est de même dimension que le système russe (ouverture circulaire de 80 cm de diamètre)
        et souffre donc des mêmes limitations que celui-ci.
 
 
    - Le CBM est un mécanisme d'amarrage mis au point pour la Station spatiale internationale.
        Il est mis en œuvre sur tous les modules non russes de la station. C'est également
        un système dissymétrique : la partie active (Active Common Berthing Mechanism ou
        ACBM) est constituée par un anneau sur lequel se situent quatre verrous qui assurent
        un premier assemblage et 16 boulons qui rigidifient l'ensemble. La partie passive
        (Passive Common Berthing Mechanism ou PCBM) reçoit les mécanismes d'accrochage. Les
        trois modules pressurisés, de type nœud, comportent sur leur partie axiale un port
        d'amarrage actif et un passif ; chaque nœud dispose par ailleurs de quatre autres
        ports tous actifs. Ce système d'amarrage est également celui du vaisseau cargo japonais
        HTV et dans le futur des vaisseaux de ravitaillement Cygnus et Drago. L'ouverture
        qui a une forme carrée de 127 cm de côté est d'une taille particulièrement généreuse
        permettant de faire passer les racks ISPR qui sont les plus gros équipements amovibles.
        C'est un atout essentiel pour la maintenance de la partie non russe de la station.
        Le maintien de l'étanchéité a constitué un challenge technique à la conception, car
        compte tenu de sa forme carrée et de sa taille, il s'exerce une poussée de 20 tonnes
        non uniforme sur l'écoutille, lorsque le port n'est pas connecté à un autre module.
        Le système permet également la connexion automatique des liaisons électriques, des
        télécommunications et des canalisations porteuses de fluides.
 
Pour pouvoir mettre en relation des modules ou vaisseaux porteurs du système d'amarrage
    APAS d'une part et CBM d'autre part, des adaptateurs pressurisés en forme de cône
    coudé ont été mis en place (Pressurized Mating Adapters ou PMA). Ils ménagent un
    corridor pressurisé entre les deux parties, comportent un chauffage et permettent
    d'établir une liaison électrique et télécom. Le PMA-1 est utilisé pour relier le
    module russe Zarya au module Unity faisant la jonction entre la partie russe et la
    partie internationale de la station. Le PMA-2 installé aujourd'hui sur le module
    Harmony est le point d'amarrage habituel de navette spatiale. PMA-3, installé sur
    le nœud Tranquility fournit une alternative pour l'amarrage de la navette.
 
Les modules russes Zvezda et Zarya
Zarya (soleil levant) est le premier module de la station internationale placé en
    orbite. Il s'agit d'une nouvelle déclinaison du vaisseau TKS utilisé à plusieurs
    reprises par l'astronautique russe. Il sert actuellement de lieu de stockage et permet
    grâce à ses moteurs (32 moteurs de 13 kg de poussée) de réorienter la station lorsque
    les corrections à apporter dépassent la capacité des gyroscopes électriques installés
    dans la partie américaine de la station. Des réservoirs situés à l'extérieur permettent
    de stocker 6 tonnes de carburant qui sont utilisés par les moteurs du module Zvezda
    pour rehausser l'orbite de la station. Zarya est d'une part reliée au module Zvezda
    d'autre part au nœud Unity. Un troisième port permet de recevoir un vaisseau Soyouz
    ou Progress mais est, depuis 2010, relié en permanence au compartiment d'amarrage
    Rassvet. Zarya possède ses propres panneaux solaires et ses batteries. Il pèse 19,3
    tonnes et est long de 12,55 mètres pour un diamètre de 4,1 mètres.
Zvezda (« étoile ») également appelé « module de service » a durant les premières
    années été le centre de la station spatiale. On y trouve des équipements vitaux qui
    resteront longtemps uniques dans la station spatiale tels que les systèmes de support
    de vie Elektron et Vozdukh, les systèmes de contrôle de vol et de navigation et une
    toilette. Il reste aujourd'hui le centre de commandement de la partie russe de la
    station. Zvezda est une évolution du module central de la station Mir : le module
    comporte comme celle-ci trois parties : un compartiment de travail, une chambre de
    transfert qui donne sur un point d'amarrage à l'arrière et un compartiment de « transfert
    » situé à l'avant avec trois ports d'amarrage. Les occupants du module résident et
    travaillent dans le compartiment de travail qui comprend notamment deux petites cabines
    d'équipage, une toilette, un tapis roulant et un cycloergomètre. Le module Zvezda
    est long de 13,1 mètres pour un diamètre maximum de 4,15 mètres et un poids de 18
    tonnes. Il possède deux panneaux solaires d'une envergure de 29,7 mètres. Le port
    d'amarrage situé à l'arrière peut recevoir un vaisseau Soyouz ou Progress tandis
    que les trois ports situés à l'avant sont reliés de manière définitive au module
    Zarya ainsi qu'aux modules d'accostage Pirs et Poisk. Zvezda dispose de moteurs-fusées
    qui sont utilisés pour rehausser l'altitude de la station.
 
Les modules de type nœud
La partie non russe de la station comporte trois modules de type nœud qui peuvent
    assurer l'interconnexion entre six modules.
Unity (nœud 1) est chronologiquement le second module à avoir été assemblé à la station
    spatiale internationale, et le premier construit par les États-Unis. C'est un cylindre
    d'aluminium de 11,6 tonnes, 5,47 m de long et de 4,57 m de diamètre. Il est plus
    court que les deux autres modules et ne comporte que quatre emplacements pour des
    racks au format ISPR contre huit pour les autres modules. Il assure la jonction avec
    la partie russe de la station via un PMA.
Harmony (nœud 2) pèse 14,3 tonnes pour une longueur de 7,2 mètres et un diamètre
    de 4,4 mètres. Il assure la connexion entre le laboratoire européen Columbus, le
    module américain Destiny et le module japonais Kibo. Sur les huit baies disponibles,
    quatre sont occupées par des racks d'avionique tandis que les autres servent de lieu
    de rangement.
 
Tranquility (nœud 3) a les mêmes dimensions que Harmony et contient comme celui-ci
    huit racks dont deux occupés par l'avionique du module. Les principaux équipements
    touchent au système de support de vie américain avec deux racks recyclant les eaux
    usées, un rack pour la génération d'oxygène à partir de l'eau et un rack pour le
    système de régénération de l'atmosphère qui enlève les contaminants et contrôle ses
    constituants. Tranquility comporte également un compartiment toilettes pour l'équipage.
    Tranquility tient lieu également de salle de sport puisqu'on y trouve deux appareils
    destinés à l'exercice physique dont un tapis roulant. Le module dispose d'une coupole
    d'observation Cupola installée sur un des ports d'amarrage radiaux. Celle-ci est
    une baie vitrée de forme convexe et circulaire, composée de sept hublots : un hublot
    central zénithal de forme circulaire entouré de six autres plus petits et trapézoïdaux.
    L'ensemble, installé sous le module Unity côté Terre, fournit une vue panoramique
    à la fois sur la planète et sur une partie du champ d'intervention du bras manipulateur
    Canadarm2 utilisé pour la maintenance de la station. Sur les six ouvertures du nœud
    seules trois d'entre elles sont utilisées.
 
Les modules laboratoires
Les modules laboratoires sont consacrés à la recherche. À cet effet leurs quatre
    faces internes comportent des emplacements au format standardisé qui peuvent recevoir
    des expériences et qui disposent d'interfaces informatiques, vidéos, d'une alimentation
    électrique ainsi que de canalisations pouvant distribuer gaz ou fluides. Certaines
    de ces baies sont néanmoins occupées par des équipements relevant du support vie
    servant de stockage en l'absence de module réservé à la logistique et à l'habitat.
Le laboratoire américain Destiny est le deuxième module américain installé et le
    premier laboratoire. Il est conçu pour accueillir les charges utiles et les expériences
    devant s'accommoder d'une atmosphère terrestre. Sa capacité est de vingt-quatre baies,
    dont treize sont spécialement conçues pour recevoir des expériences nécessitant un
    interfaçage complet avec la station et ses ressources. Cet élément a été mis en orbite
    le 7 février 2001.
Le laboratoire européen Columbus est le plus petit des laboratoires de recherche
    avec dix baies disponibles pour la science. C'est le lieu de travail privilégié des
    astronautes et chercheurs européens. Ce module pressurisé est raccordé en permanence
    à la station. Ses utilisations sont multiples, et portent entre autres sur la science
    des matériaux, la physique des fluides, les sciences de la vie, la physique fondamentale
    et de nombreuses autres technologies. Il renferme aussi la plupart des charges utiles
    pressurisées européennes.
Le laboratoire JEM ou Kibō est le module fourni par l'Agence d'exploration aérospatiale
    japonaise (JAXA) : il comporte dix baies à bord, dont cinq seront occupées par du
    matériel japonais et cinq autres par du matériel de la NASA. Tous les emplacements
    sont aux standards internationaux en ce qui concerne les branchements énergétiques
    et l'approvisionnement en divers gaz ou liquides. Le JEM comporte un prolongement
    pressurisé, l'ELM PS, qui fournit des emplacements supplémentaires pour certaines
    expériences réclamant, entre autres, une atmosphère ou une pression atmosphérique
    différentes. Ce module complémentaire est fixé perpendiculairement au JEM.
Le laboratoire russe Nauka ou MLM (Module laboratoire multi-usages) doit être installé
    début 2017. Ce sera le dernier élément qui rejoindra la station spatiale. Il est
    construit à partir de la doublure de Zarya. À côté d'installations pour les équipements
    scientifiques, il comporte des ports d'amarrages, des installations de support de
    vie pour l'équipage et doit également servir de lieu de stockage.
 
Les compartiments d'amarrage russes
Le compartiment d'amarrage Pirs est un module assez court (moins de 5 mètres de long)
    qui sert à la fois de port d'amarrage pour les vaisseaux russes et de sas pour les
    sorties extra-véhiculaires russes. Assemblé à la station en 2001, sa durée de vie
    théorique est de 5 ans. Arrivé en fin de vie, il est prévu qu'il soit largué et détruit
    avant l'installation du module Nauka début 2017. Il est remplacé par un module Poisk,
    aux caractéristiques similaires, installé en novembre 2009 pour remplacer à terme
    Pirs dont il partage les caractéristiques. Le compartiment d'amarrage Rassvet dont
    l'installation a eu lieu en 2010, doit servir de port d'amarrage pour les vaisseaux
    Soyouz et Progress. Il joue également le rôle de module de stockage. Sa présence
    a été rendue nécessaire pour permettre l'accostage des vaisseaux qui ne peuvent plus
    s'amarrer directement à Zarya depuis la mise en place du module Tranquility.
 
Le sas américain Quest
Le module américain Quest, qui est fixé au nœud Unity, permet aux astronautes d'effectuer
    les sorties extravéhiculaires. Il joue le même rôle que le Pirs de la partie russe
    de la station mais, contrairement à celui-ci, il est compatible à la fois avec les
    combinaisons russes et américaines. Il comporte deux parties : la plus large permet
    aux astronautes de s'équiper de leurs combinaisons spatiales et d'effectuer la longue
    préparation pour débarrasser leur organisme de l'azote. La deuxième partie, plus
    étroite, est le sas proprement dit similaire à celui de la navette spatiale qui permet,
    après avoir chassé l'atmosphère, d'accéder à l'extérieur. Attachés au module se trouvent
    deux grands réservoirs d'oxygène et deux réservoirs d'azote dont le contenu est utilisé
    à la fois par Quest et par la partie américaine de la station. Le module Quest pèse
    6,1 tonnes à vide, est long de 5,5 mètres pour un diamètre maximum de 4 mètres.
 
Le Module Logistique Multi-Usages Leonardo
Le Module Logistique Multi-Usages Leonardo est un des trois modules (Leonardo, Raffaello
    et Donatello) pressurisés construits par l'Italie utilisés pour transporter dans
    la soute de la navette spatiale américaine le fret qui ne peut être exposé au vide.
    Il est prévu que Leonardo, l'un des trois modules, après avoir reçu une protection
    contre les micro-météorites, reste attaché en permanence par sas d'amarrage de type
    CBM à la station après le retrait des navettes spatiales mi 2011. Le module sert
    maintenant comme de zone de stockage.